Friday, June 15, 2007

Macao, Luis de Camoes et moi

Comme promis, on va reparler de Macao et de ses poètes. Mais avant toute chose, j'aimerais m'assurer que tous mes lecteurs disposent des connaissances nécessaires à la compréhension de cet article : les gens qui connaissent et apprécient la poésie portugaise du XVIeme siècle peuvent sauter la lecture du paragraphe deux. Les autres feraient mieux d'y jetter un coup d'oeil.

Or donc, Luis de Camoès (1525 - 1580) est le "plus grand" poète portuguais. Un peu comme la Divine Comédie du Dante en Italie ou le Don Quichotte de Cervantes en Espagne, les Lusiades de Camoès c'est un ouvrage fondateur de la langue, de la culture et carrément de l'identité nationale portuguaise. Comme ils font pas les choses a moitié, les Lusiades c'est un poème épique qui raconte la glorieuse histoires du peuple portuguais qui fait des voyages dans tout le monde (Vasco de Gama, ca vous dit un truc ?) pour ourvrir des routes commerciales et tout et tout... C'est justement l'age d'or portuguais oú ils sont installés a Goa, Macao, tout ces bleds au noms exotiques... Bien évidement on raconte plein de trucs romanesques sur Camoes, entre autre qu'il aurait composé les Lusiades à Macao, mais bon ca parait historiquement un peu douteux... Bon pour la petite histoire mon papa m'a offert les Lusiades en version bilingue français / vieux portuguais (bah oui... il est comme ça mon papa...) mais avant de le vivre en vrai, j'ai jamais réussi à finir le chant 1. Parceque bon même si tout le monde dit que c'est super beau, ca reste de la poésie épique dans une langue que tu ne maîtrises pas... Il faudrait vraiment que j'ai le courage de lire ca en rentrant, et puis... ça a de la gueule de lire ça dans le metro...


Or donc, tous les poetes de passage a Macao après le XVIeme siècle (il y avait pas encore les casinos, donc il fallait quand même être un peu dérangé pour venir d'Europe à Macao...) étaient persuadés que la ville avait un gros potentiel poétique et ils ne se sentaient plus. Alors ils allaient au Gardim (le Jardin...) Luis de Camoes (celui où il y a la grotte dans laquelle il écrivait, si si je vous le dit, c'est marqué sur une plaque !) et là ils sortaient leur opinel et ils gravaient dans la pierre un petit truc pour dire qu'ils étaient super-content d'être là, que Macao c'est un coin vachement bien et que Camoes est le prince des poètes. Voici des photos, il y en a en anglais, en portuguais et un superbe en francais. (Le gars il devait avoir un peu de mal a enfiler ses bottes)

Patane lieu charmant et si cher au poète
Je n'oublierai jamais ton illustre retraite
Ici Camoens au bruit du flot retentissant
Mêla l'accord plaintif de son luth gémissant
Au flambeau d'Apollon allumant son génie
Il chanta les héros de la Lusitanie
Du Tage à l'urne d'or loin des bords paternels
De Bellone, il ceuillit les lauriers imortels.
Malheureux exilé cette émule d'Homère
Acheta son génie au prix de sa misère.
Il posséda au moins pour calmer sa douleur
le baiser de l'amour et les chants des neuf soeurs.
Lusus et le Chinois honorent sa mémoire
le temps qui détruit tout agrandira sa gloire.
Moi qui chéris ses vers, qui pleurais ses malheurs
J'aimais à saluer ses bois inspirateurs
Je visitais cent fois cet humble et noble asil
Dans ta grotte, ô Louis mon coeur fut plus tranquille.
Agité plus que toi je fuyais dans les champs
Et le monde et mon coeur, l'envie et les tyrans.


Au Grand Luis de Camoens, portuguais d'origine castillane
Soldat religieux voyageur et poète exilé
L'humble Louis de Rienzi, français d'origine romaine
Voyageur religieux, soldat et poète expatrié


Allez, un dernier mot sur les réjouissances littéraires qu'offre la ville de Macao. Ce qui est génial, c'est la juxtaposition des ecrits en portuguais (langue latine, donc que tu peux lire à voix haute et comprendre approximativement) et en chinois (et là, souvent, c'est juste beau à regarder). J'ai pas de statistique dans la tête, mais je pense qu' il y a très peu d'habitants de Macao qui parlent encore portuguais. Par contre à l'écrit, tout est doublé, surtout les vielles plaques de rues et autres enseignes de magasins. Donc sur tous les boui-bouis crasseux il y a marqué "estabelicimento de comidas" (ou de bebidas, si c'est un débit de boisson). Et ça, c'est la classe... Comme quand tu tombes sur le Garragem Wang Lin Foo (un garage tenu par un chinois, donc) ou le Gardim Infantil Nuok Pok. Bon voilà... allez à Macao, parceque Macao c'est beau.

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