Friday, January 19, 2007

La fapiao et le ruguo

Alors aujourd'hui, j'ai plutot envie d'être méchant avec la Chine et les chinois, et je vais parler un peu de ce qui se passe dans la vraie vie des vrais chinois (par exemple, ceux qui habitent dans les hutong crasseux au pied des buildings de Shanghai (ou de mon immeuble)). Juste histoire de dire que la Chine-avec-sa-croissance-à-deux-chiffres, c'est aussi un pays qui a beaucoup de traits qu'on retrouve dans les pays en développement (sans parler de tous ceux qu'elle a en commun avec les dictatures militaires). Je vais donc parler de la fapiao et du ruguo (pour ce dernier, je ne garantie pas l'orthographe, même en piyin)

Alors... sans vouloir faire de la théorie du contrat social de magazine féminin, l'Etat, c'est un gars qui te pique plein de sous et qui en échange met à ta disposition des infrastructures et des services qui servent l'intérêt général. Par exemple, l'Etat chinois rase tous les vieux hutong crasseux de Beijing et construit des hutong propres avec des toilettes flambantes neuves et qui sentent la violette, de telle sorte que les visiteurs étrangers des jeux de 2008 ne soient pas frappés de crise d'apoplexie quand ils auront envie de faire un petit pipi en visitant la tour du tambour. (je pense que des que les jeux seront finis, les toilettes anciennement neuves de Beijing retrouveront le niveau apocalyptique des toilettes publiques du reste de la Chine). Bref... dans les pays qui ont developpé un état de droit, et qui sont gouvernés selon de principes de transparence et de rationalité (ou du moins, le prétendent), l'état a developpé plein de moyen subtils pour prendre des sous aux gens. Comme les taxes et impots directs, c'est un peu voyant, on peut creer de taxes et impots indirects. Par exemple,la TVA, qui permet de s'en mettre plein les tirroirs à tous les étages, et qui permet aussi de meubler les cours de comptabilité des école des ingénieurs qui sont, comme chacun sait, l'élite de la Nation. Bon bien sûr, ça demande de la bonne volonté des gens et des entreprises et un peu de logistique de la part de l'état pour controller les petits malins qui veulent attenter à l'intérêt général en gardant leur sous pour eux, mais je suis sûr que dans des états qui assurent la sécurité des bien et des personnes, qui construisent des hopitaux et des écoles, les gens bien ont pas trop mal au coeur de payer.

En Chine, c'est pas pareil. En Chine, c'est différent. Je connais pas trop bien la fiscalité chinoise, j'ai juste une fois discuté avec le directeur financier du projet (un chinois diplomé d'une école de commerce renommée de Lyon et qui a bossé pour une banque chinoise rue de l'Opéra), il m'avait dit que le statut juridique du bureau de Beijing était un truc assez spécial qui les obligeaient (ou leur permettaient) de faire plein de trucs non-standard... Bref, moi je connais la fapiao alors je vais parler de la fapio.

La fapiao, c'est de la taxe en barre... Le commercant va acheter ses marchandises chez le fournisseur, mais pour payer ses taxes, il va dans une administration (chépa laquelle) et il achète des fapiaos. La fapiao, c'est un bout de papier avec un tampon officiel rouge, qui a une certaine valeur (c'est marqué dessus, c'est par exemple une fapiao de 5 yuan, ou de 50 yuan). Quand tu achètes un truc tu peux (ou si tu es un bon citoyen qui veux que l'état ait de l'agent pour payer les généraux qui tuent des enfants, oups, pardon ! les écoles sortir les enfants de la misère, tu /dois/) demander la fapio. Comme ça, au bout d'un moment, le commercant a plus de fapiao et il doit redonner de l'argent à l'état pour réavoir des fapiao. Brillant, non ? Ca se complique quand on sait que le commercant, qui est un agent rationnel (et qui veut donc maximiser son profit), n'a pas du tout envie de donner son argent à l'état (surtout pour avoir des fapiao, qui ne sont en fait que des bouts de papier...) Par exemple, des fois, quand je demande une fapiao (moi qui peut pas mettre de baffe à un commercant chinois ou juste lui dire que c'est un gros con d'ordure de salopard de capitaliste), on me dit qu'il y a plus de fapiao ("meiyou fapiao"). Là où c'est facheux, c'est que si j'ai pas de fapiao, je me ferais jamais rembourser par le comptable du projet...

L'histoire de la fapiao pourrait s'arrêter là, mais non ! les commercant cupides et l'état qui prends aux gens pour donner aux gens, faisant preuve chacun d'une remarquable faculté d'adaptation, ont chacun développé des techniques qui servent aux mieux leur intérêt. Par exemple il y a plein de restaurants dans lesquels, si tu ne demande pas de fapiao, on te fais un petit cadeau (tu repart avec une bouteille de coca, ou une tirelire en cochon ou une peluche toute mignonne que tu peux offrir à la petite chinoise qui t'accompagne (héhé... la classe...)). Voyant ça, l'état décide de contre-attaquer en faisant lui aussi appel à la cupidité gens... En fait certaines fapiao ne sont pas seulement des bouts de papier... c'est des jeux à gratter ! Tu peux gagner 20 000 yuan (2000 euros) en grattant le code secret de ta fapiao. Bon perso j'ai gagné une fois deux yuan... mais bon dans le fond c'est super malin !

Alors maintenant, attention lecteur, prépare-toi et accroche-toi à ton slip, paske ca va décoiffer... Voilà voici un extrait de ma discussion avec le mec qui m'a appris le coup du cadeau-qui-remplace-la-fapiao :

moi : "waouw, c'est super malin le coup du cadeau"
lui : "bah non, c'est juste l'exercice de nos droits en tant que consommateur"

Le gars qui a dit ça, son fond d'écran, c'est la photo d'un ancien premier ministre de la Chine, alors j'étais un peu étonné qu'il considère que truander l'état, c'est "exercer son droit en tant que consommateur". Mais le mieux, c'était la fierté avec laquelle il revendiquait ses droits de consommateur ! C'est quand même complètement dingue d'être dans un pays où les gens ne revendiqueraient jamais leurs droits en tant qu'humains (eu... disons... echapper à l'arbitraire de l'état ou des ses représentants, des trucs comme ça) mais sont des consommateurs. Moi, ça me fait flipper...

Et là, on arrive au ruguo. Alors le ruguo c'est un papier officiel, une sorte de carte d'identité ou de passeport. La différence avec une carte d'identité, c'est que c'est les autorités du lieu où tu habite qui le gardent... En fait, à la base, c'est fait pour éviter l'exode rural. Bah ouai... si ton ruguo est dans ta cambrousse, tu va pas venir en ville, parce que tu ne pourra pas y avoir d'existence légale (tu peux pas te marrier, pas travailler officiellement...). Par exemple Y (une petite chinoise) qui veux aller passer des vacances aux Philipinnes avec son copain francais (ils bossent tous les deux pour W et ils sont tous mignons), doit repasser dans sa ville natale de Z pour faire un passeport avec son ruguo qui est la-bas... Bon c'est beau tout ça, mais vous aller pas me faire croire que les gars qui dorment sur les chantiers (et les filles qui bossent dans les salons de hum... massage) ils ont sagement attendu que l'administration de leur patelin leur ai donné le droit de partir... et puis, une fois qu'ils y sont, ça doit être super pratique pour se défendre contre les citadins employeurs peu scrupuleux, quand tu as pas le ruguo de la ville...

Bref, voilà pour la liberté de mouvement en Chine.


Tiens, tant que je suis en forme, je crois que je vous avais pas raconté la fois où, à la sortie d'un bar, deux jeunes occidentaux avec qui on sortait, chahutaient, faisaient semblant de se battre et tout et tous. A un moment, y'en a un qui est projetté un peu violement contre la portière d'un taxi qui attendait là. Le taxi sort, d'un air outré, "mais regardez ce que vous avez fait à a portière !" Bah oui, effectivement la portière est pourrie et trouée, mais elle l'était bien avant l'incident... Le gars comence à faire un scandale qui attire bientot pas mal de monde (y'a du monde à la sortie d'un bar...). Sur ce les flics se ramènent. Oh ? des dommages causés par des occidentaux ? y'a surement un peu de fric à se faire... Le problème c'est que les flics ils peuvent pas prendre des occidentaux comme ça (quand je vous dis que je suis un sur-homme). Bah, pas de prolème, ils prennent en caution un chinois qui fait partie de notre groupe (comment ça, il a rien à faire dans la sauce ?). Voyant ça, on s'est dit que ça serait plus sympa si on laissais un occidental aller au poste accompagner le chinois, juste pour voir que tout se passe bien... C'est'y pas une belle histoire ?

6 Comments:

Anonymous Anonymous said...

Terrible!
Incroyable!!
Hallucinant!
Non, vraiment parrain. Moi j'aime quand tu nous parle de ce genre de trucs.

19 January, 2007 09:23  
Anonymous Anonymous said...

ben moi, comme je sors de deux passages vilents en etite reserve, je sais plus trop ce qe je fais. Aors j'ai lu le cébut et ensute en dafgoale et après plus rine. Dcj'ai pas compris l'article. arce que je suis tout bourré. Mias pas autant qu eGG . Eklle elle va assez mal. Donc voila je n'ai pas co=prioss l'aritcle et je tenais a lme dire . Je le relarai quand ej serai e ne eteat. Desole por le sfutates j'ai un eu du ma l et je ne fais pas e xppre s .Je pourrais corriger mais bo,, c'est pas drole. Signe : jon pendant son dernier booooooom.

19 January, 2007 19:00  
Anonymous Anonymous said...

le "rugou" c'est en fait le 户口 (hukou en piyin), qui se traduit literralement par état civil. C'est bien un truc qui lie un chinois à sa province de naissance, et c'est tres difficile d'en changer (particulièrement pour obtenir celui de Pekin ou Shnaghai par exemple), puisqu'il faut, entre autres, justifier d'un emploi stable dans la nouvelle province (qui est quasiment impossible a obtenir sans le hukou, d'ou cercle vicieux)

20 January, 2007 16:48  
Anonymous Anonymous said...

jon pendant son dernier booooooom.

Ah ben voila, tout s'explique (ou en tout cas, beaucoup de choses). Je comprends enfin ce que fait le BdE pendant que nous, pauvres petits enstas courageux et anonymes, enchaînons crêpe sur crêpe au bar à bouffe, gars bourré sur gars bourré aux tickets boisson, type relou qui a perdu son ticket sur type relou qui a perdu son ticket au vestiaire (mais mon numéro, c'est 438... ou... 369... ou...) : ils loosent devant les Mac du BdE ! Quelle bande d'autistes, ils sont bien comme on les aime. M'enfin, je pardonne à John, parce qu'il a fait la désinstall jusqu'à huit heures, ce qui est bien (tout bourré, en partant à la fin dans un gros trip sur la création plastico-théâtrale et l'art comme expression de la provocation et appel à la réaction de ceux qui le reçoivent, et ça, ça vaut son pesant de saucisses à hot-dogs du bar à bouffe). Par contre Cédric a été lâche, il s'est enfui bien tôt (bon, mais on l'aime quand même).

Moi ton blog il me fait tellement déprimer sur le genre humain des fois... Enfin, même, faut bien l'avouer, souvent, depuis que tu es en Chine en fait. Ça donne vraiment pas envie d'aller se frotter à ce pays, je sais pas trop comment tu fais. Et le pire, c'est qu'en plus, ils sont trois milliards. Ils sont vraiment tous comme ça ? Tous les trois milliards ? C'est terrible. Bon courage pour la moitié d'année qui te reste.

20 January, 2007 16:58  
Blogger Pascal kun said...

Ouais ! Moi aussi j'ai envie de poster sur le Boom ! Youpi ! Merci Romain !

Eh ben, j'espère que tu vas pas avoir des ennuis pour essayage de compréhension de pourquoi le système il est chelou...

à bientôt !

21 January, 2007 07:41  
Anonymous Anonymous said...

c'est different dans les yeux des gens qui vivent dans le pays et de l'extérieurs. Je suis étonnée de voir que tu t'es pénétré dans la vie chinoise :)
On sait bien qu'il y a bp de problèmes en Chine, bp d'injustice, mais ce que nous essayons de faire est de s'adapter mais pas compter sur changer les autres. Il y a des gens qui trichent, on peut soit être tolérent, soit améliorer le système pour qu'ils ne peuvent plus. Moi je fréfère le 2ème, et j'espère qu'il arrive ASAP.


Yu

24 January, 2007 04:47  

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