Sunday, September 02, 2007

Parler le normal mieux que les chinois (2/2)

Bon, voilà pour l'introduction. Maintenant parlons des vrais gens. Les vrais gens de RPC parlent le putonghua (avec un accent selon leur position geographique mais le putonghua quand même). Mais bon le putonghua c'est un truc qu'on leur a imposé donc y'en a qui aiment pas trop. Alors en vrai, avec leurs parents, ils parlent le dialecte de leur parents. Avec les voisins ou la marchande de tofu, ils parlent le dialecte local. Et avec le cousin qui habite à l'autre bout de la Chine, ils parlent le dialecte du grand père qui était d'une ethnie bizarre, qui n'a plus que 137
locuteurs.

Bon des fois, la différence entre le putonghua et le dialecte local est pas énorme. A Changchun on parle le dongbeihua (la langue du dongbei, les trois provinces au nord de Pekin) qui est un putonghua avec parfois des petites modifications d'accent ou de vocabulaire, mais trois fois rien. (ceci dit, si toute ma vie de locuteur chinois je dis "gongyuan'er" au lieu de "gongyuan" pour jardin, on me cataloguera direct en "gars qui a été élevé dans le nord") En fait il y a même un Changchunhua (langue de Changchun) mais à part une façon particulière de dire "tourner à droite" ("le petit virage") et "tourner à gauche" ("le grand virage") je connais pas de particularité...

Parfois la différence entre le dialecte et normal est pas clairement définie... ma prof de chinois pensait que "petit virage" et "grand virage" étaient des termes de la langue des chauffeurs de taxi partour en Chine, alors que non, ça n'existe qu'à Changchun... Et puis je sais plus qui m'avait dit que "xiao gunia" (pour dire /petite fille/, c'est aussi le nom d'un vendeur de glaces très populaire sur Guilin Lu) c'était du dongbeihua, mais en fait non parce que l'autre jour j'ai enfin compris les paroles de cette chanson qui passe tout le temps à la radio "Hao /Gunia/, zhen piaoliang"

Bien sûr, il y a des dialects plus porteurs que d'autres... Le Shanghaihua et le Nanjinghua sont totalement différents et ne sont utilisés que dans leurs localités respectives (Shanghai et Nankin distantes de 200 km...). Mais le cantonais (langue de Canton, ou Guangzhou en putonghua) est largement répandu dans le sud et dans plein de chinatowns du monde (en Asie, Amerique, Europe...). (D'ailleurs, il y a plein d'émmigrés chinois qui sont pas des han (bah oui, c'est plus facile de percer à l'extérieur qu'en Chine...) et donc qui parlent leur petit dialect à eux. ) Et puis en plus avec le cantonais, tu peux chanter de la canto-pop (pop music en cantonais), donc... ca a beaucoup de succès même chez les non-cantophones.

Bon et sinon pour revenir à des truc plus perso, vers la fin de mon séjour, la secrétaire du bureau m'a dit que ma prononciation du putonghua était plus standard que celle de Liu Dehua (non pas le chanteur de hongkong... c'est un collègue de Changchun qui venait du sudet qui s'appelait pareil). J'avais pas trop remarqué que Liu Dehua avait un fort accent (il m'a appris deux trois trucs comme le célèbre "Ni de laoshi pao dao le ma ?" qu'il me demandait de temps en temps. ça veux dire "Alors tu a enfin séduis ta prof de chinois ?")

Bon voilà... avec tout ça tu te retrouves parfois dans des situation bizarres, à parler putonghua mieux que des chinois et pourtant ils ne te comprennent pas et tu ne les comprends pas, mais alors vraiment pas, à cause de leur accent tout pourris... Dès que tu descend un peu dans le sud, ils font chuinter les explosives et siffler les chuintantes (et aussi siffler les sifflantes) alors toi tu finis par être completement paumé...

Bon et sinon dans l'avion du retour, j'était à côté de deux chinoises qui avaient l'air un peu paumées. J'ai essayé de leur expliquer comment remplir la feuille de débarquement, mais visiblement elles me comprennaient pas et moi je les comprennais pas non plus... J'était un peu déçu que mon dernier contact avec le chinois avant un certain temps, soit un échec comme celui-là. Et puis finalement avec le temps je me suis apperçu que même mon voisin (un franco chinois) et même l'hotesse de l'air (une chinoise) ne comprennaient pas mes voisines, même sur des trucs simples comme "je veux un jus d'orange". j'ai même intercepté une réflexion de mon voisin à l'hotesse de l'air qui disait "Elles viennent de Fujian", l'air de dire "tout le monde sait qu'ils parlent comme des gorets là-bas"...

"Désolé, je ne parle que le normal" ou une brève incursion dans la diversité linguistique de la Chine. (1/2)

"Le chinois est la langue parlée par les chinois". Mon premier bouquin de chinois commençait comme ça. Ensuite ils expliquaient que c'était un peu plus compliqué que ça, mais j'avais bien aimé la formule. Bon alors je vais essayer de résumer. Pour les gens de Changchun, il n'y a pas trop doutes. La langue qu'ils parlent et que j'essaye d'apprendre c'est le "Hanyu" (Ranneuillu), c'est-à-dire la langue des Hans, qui sont l'ethnie domminante (à 90%) sur le territoire de la
République Populaire. De même le français, c'est le "fayu" (langue de "fa" (la loi) qui est le terme qui se designe les trucs qui se rapportent à la France) et l'allemand "deyu".

Il existe une façon plus politiquement correcte de dire hanyu, c'est Zhongwen (djong-ouenne) cad la langue (de l'empire) du milieu. Comme ça on n'evoque pas toutes les discriminations que peuvent subir les non-hans. Mais Zhongwen est assez rarement utilisé dans la conversation courante.

Bon voilà pour le côté vernaculaire de la chose. En fait le vrai nom de la langue que j'apprends, c'est le "putonghua". C'est à dire "la langue normale". Alors là ça va devenir un peu compliqué...

Au début, il y avait le mandarin, la langue commune parlée par les fonctionaires impériaux partout dans l'empire, par opposition à tous les dialectes qu'on pouvait trouver (et qu'on peut encore trouver) dans les différentes provinces (voire dans les differentes villes ou villages). Au passage, la beauté des caractères chinois (qui affichent des information sur le sens, mais pas directement sur la prononciation), c'est que tu peux comprendre un message ecrit en chinois, quelque soit le dialecte que tu parles. Donc le fonctionnaire local peux lire aux villageois en dialecte tibétain un message écrit par le fonctionnaire central à Pekin, même si il ne parle pas (ne sait pas lire à voix haute) le mandarin.

Or donc, il y avait le mandarin super compliqué et élitiste et une infinité de petits dialectes dans tous les coins. Alors à l'époque où la Chine voulait se moderniser à l'occidentale (debut XXeme siecle), comme les japonais avaient fait quelques temps plus tôt, plein des linguistes très sérieux se sont réunis pour pondre une langue commune à toute la Chine qui soit suffisament simple pour être enseignée dans toutes les campagnes reculée. Alors ils ont simplifié la grammaire du mandarin, ils ont pris l'accent de Pekin et voilà le Putonghua. La langue normale.

Resultats : 1) Il existe une langue que tous les petits chinois apprennent à l'école primaire. 2 ) Un chinois, même un petit peu lettré, ne comprends pas trop les livres qui ont été écrit au XIX ou avant...

Un peu plus tardivement, les communistes ont laissé leur trace dans l'histoire, comme d'innombrables empereurs avant eux, en lançant une entreprise de simplification des caractères. Par exemple celui dit "traditionel" s'écrit en 27 traits alors que le simplifié s'écrit en 9 traits. Résultat, c'est plus facile à apprendre pour les paysans (et les laowai). (mais c'est moins joli à mon gôut). En fait certains communistes voulaient même pousser la simplification
jusqu'au bout et abandonnner les caractères chinois pour le bon vieil alphabet latin. Ils ont donc créé le "piyin" qui est la transcription officielle du putonghua en alphabet latin. Cette transcription dans laquelle Pékin s'écrit Beijing et Mao Tse Toung "Mao Zhe Dong". Bon en fait ils ont gardé les caractères (simplifies) et heureusement parceque c'est quand même bien plus pratique que le piyin.

Je parle des communistes et donc tout ce qui n'était pas communistes à l'époque (Taiwan et Hong Kong) utilisent encore les traditionnels. Aujourd'hui les traditionnels sont tres repandu en RPC autour de Hongkong et il y a même des batiments officiels (l'aeroport de Changchun, mais pas la gare qui est un peu vielle (bah oui les traditionnel, ça fait très ancien régime et c'était donc idéologiquement douteux voire interdit à une certaine époque)) qui ont leur nom ecrit en traditionel.

Le laowai le plus célèbre du monde et pourquoi les français sont romantiques.

Aujourd'hui une question difficile... Qui est le loawai le plus connu des chinois ? Mickael Jackson ? (pas du tout) George Bush ? (pas sur, mais de toute façon ils ne l'aiment pas) Zidane ? (surement le français le plus connu en tout cas). En fait pas du tout. Le Laowai le plus connu, même les enfants savent ça, c'est Da Shan.

Da Shan (je connais même pas son vrai nom...) c'est un canadien, qui est venu en Chine pour je ne sais quelle raison, il a épousé une chinoise et il est resté. Da Shan il parle bien chinois, genre super bien. Da Shan il a écrit un livre (surement "je vais vous expliquer les secrets de l'occident pour réussir dans la vie"). Da Shan il passe à la télé (entre autre il donne des cours de chinois pour les laowai). Da Shan il fait plein de pub sur tous les support possibles. Parfois sur l'enseigne d'un boui-boui paumé dans un village pourri, tu as la photo de Da Shan, avec sa tronche de canadien conquérant et souriant et ses lunettes (ça fait intellectuel).

Je n'arrive sans doute pas à prendre la mesure du battage médiatique autour de Da Shan (surtout il y a quelques années, quand il devait être le seul sur le marché des laowai qui passent à la télé) mais ce qui est sûr c'est que les chinois kiffent Da Shan.

Vous comprendrez bien que c'est un peu déroutant au début quand tout les chauffeurs de taxi te parle de Da Shan. Et encore, je ne suis pas canadien, parceque dans le dictionnaire des idées reçues qui sert de culture générale à la majorité des chinois qui ne sont jamais sorti de chez eux, le mot Canada est directement connecté à "Da Shan" aussi surement que le mot "Français" l'est au mot "Romantique".

D'ailleurs, à ce sujet, j'ai fini par comprendre pourquoi est-ce c'est vrai que les français sont vraiment romantiques... Pas seulement parce qu'il y a une série télé à succès qui mets en scène des chinois et chinoises super beaux dans des décors français typiques (bah oui, les français font des diners aux chandelles avec vue sur la tour Eiffel, et habitent dans des chateaux de la Loire). J'ai rien compris à ce qu'ils disaient dans l'épisode que j'ai regardé, mais ça avait l'air aussi gratiné qu'une sitcom à l'eau de rose coréenne... (d'ailleurs je trouve que dans ce blog, on ne parle pas assez du charme des grandes coréennes qui passent à la télé... c'est à vous donner envie d'aller faire un tour en Corée pour voir si elles sont toutes comme ça...)

Bon allez, pour finir deux annectodes qui prouvent que les français sont romantiques.

Une fois, on se balladais sur Chongqing Lu avec ma prof de chinois et je vois un chinois qui marche main dans la main avec sa petite chinoise et qui tout à coup sans crier gare, lache un gros mollard bruyant sur le trottoir. Quand je fais remarquer à ma prof de chinois que les garçons français, qui sont romantiques, ne feraient pas ça, elle me dit que oui, au début quand tu sort avec une fille tu ne fais pas ça, et puis finalement, le naturel revietn au galop...

Enfin, voici la plus éclatante du romatisme des français va venir de cette expérience de pensée. Imaginez un amoureux éconduit français qui va consoler son chagrin dans un parc, et trouvant une margueritte va lire son destin dans les pétales de la fleur. "Elle m'aime, un peu beaucoup, passionément, à la folie, pas du tout. Elle m'aime..."
Bon... bah un chinois amoureux va faire pareil, mais il sera limité à une logique binaire "Elle m'aime, elle m'aime pas... elle m'aime, elle m'aime pas...". Donc voilà... c'est un peu faible à mon goût...