Monday, October 30, 2006

Une soirée bien remplie

Ca a commencé quand je suis arrivé en cours de chinois. Ma prof m'a dit que c'était peut être la dernière fois qu'elle me faisait cours. Il y a l'air d'avoir un changement de propriétaire à l'école coréenne avec quelques effets colatéraux. En tout cas, je suis invité chez elle tous les week-end si je veux picoler, et tous les soirs si je veux faire du chinois (l'un n'empechant pas l'autre, a priori...).

Cela a précipité la réalisation de deux choses que je projettais depuis longtemps. 1) je lui ai demandé de m'expliquer comment on cherche un caractère qu'on connait pas dans le dictionnaire. Maintenant, je suis un grand garçon, c'est à dire que je peux recopier n'importe quel caratère inconnu avec les bons traits dans le bon ordre (ça vous épate, hein ?). Bon, voilà... maintenant je vais sûrement passer les deux prochains jours à chercher la signification de tous les caractères inconnus qui me perturbent depuis le début... (dans le genre "je suis un grand garçon", j'ai décrété que mon niveau à l'oral et mon vocabulaire étaient suffisant pour que je puisse inviter des chinois qui parlent pas anglais au resto. Je voulais tester sur deux chinoises que j'ai rencontré autour d'un brasero à brochette, l'autre jour en rentrant d'un bar à 2 h du mat', mais elles m'ont posé un lapin (!!! j'en reparlerai). Je ferai l'épreuve du feu un autre jour...)

2) je lui ai demandé (à ma prof) de m'écrire un poème de Li Bai (le poete, dont je porte le nom, ndB). Elle m'en a sorti un que les élèves de primaire apprennent. Ca parlait d'un gars qui a froid dans son lit et regarde la lune et pensant à sa ville natale qui est loin. Autant que j'ai pu en juger, c'était très beau. Surtout pour un gars qui a passé quelques soirées à regarder des DVD dans son lit en pensant à son pays où le climat est décent. (mais bon en ce moment, il fait très doux, c'est super...)

Ensuite j'ai testé un nouveau restaurant. C'est le plus proche de l'école où je vais. C'est un X-trem boui-boui. Quand je dis X-trem boui-boui, ça n'est pas que les gens crachent par terre... (ça, ça arrive dans des grandes chaines de restau) c'est que les gens crachent par terre et qu'il n'y a personne pour nettoyer. Bref c'est la cantine du quartier... Tu remplis une passoire en ferraille avec des legumes (choux, soja, epinards en feuilles, persil et autres herbes assimilées), du tofu et ils te cuisent ça trois minutes dans une marmite (la même marmite avec la même eaux depuis deux jours (enfin, p'tet pas mais ça en a la couleur)), ils rajoutent des pates (plein de nouilles differentes, au choix) et ils te rajoutent trois tonnes dépices pour t'arracher la gueule et c'est prêt.). Je vous dis tout de suite que c'est pas terrible... mais bon ça coute 30 centimes d'euro...

Enfin, je suis rentré en passant par renmin guangchang (la place du peuple). A l'angle de renmin dajie (l'avenue du peuple) il y a toujours des gens qui vendent des boissons ou du mais ou des marrons ou des graines de chépakoi et qui discutent ou attendent le bus. Et là j'ai croisé ma copine. Ca fait trois ou quatre fois que je la croise, à force de rentrer des cours à la même heure. Il y a plein de chinois qui te dévisagent et te disent "hello !", mais qui ensuite n'assument pas et se barrent avant même que tu ai pu leur répondre en chinois. Elle, elle est plus cool. Elle prends le temps de répéter et de parler lentement, alors on parle trois minutes à chaque fois, une fois elle m'a même offert des graines de chépakoi (y'a rien à manger dans ces trucs là). On voit bien qu'elle a été une mignonne petite chinoise, mais c'était il y a une vingtaine d'années. Cette fois, on a parlé du temps qui n'était pas trop froid et de mes cours qui finnissent tard. J'allais lui demander ce qu'elle faisait dans la vie, mais j'ai eu un doute... C'est quand elle m'a dit aurevoir avec une tape sur les fesses que j'ai tout à coup été sûr qu'elle faisait le troitoir, et que c'est pour ça que tout le monde nous regardait quand elle m'a pris par la main pendant 30 mètres. A bien y réfléchir, l'arrêt de bus est 50 mètes plus haut et le stand de boisson 20 mètres plus bas. Entre les deux il y a des ouvriers avec des casquettes qui viennent fumer des clopes et taper la discute avec les filles (un peu plus maquillées que la moyenne) qui attendent là. Mais tout ça est étonnament sobre, quand on voit le mauvais goût esthétique dont peuvent faire preuve les chinois, je me serais attendu à bien pire. Enfin, il faut dire qu'on est en centre-ville, il faut rester un minimum discret. Et puis il y a sûrement tout un vocabulaire technique qui m'échappe...

M'enfin voilà... tout ça pour dire qu'il est parfois difficile de s'y retrouver dans ce pays. C'est comme le week-end où j'ai tellement cherché les hopitaux de Changchun... je me suis aperçu ce matin qu'on en voit un de ma fenêtre à trois minutes de chez moi...

Friday, October 20, 2006

Le Froid

Changchun (长春) ca veut dire "long printemps" mais en fait c'est une enorme escroquerie intelectuelle, parce que c'est l'hiver qui dure 6 mois. Enfin l'hiver... En fait tout commence par un espece d'automne... Le 15 septembre il fait chaud comme en été. Le 18 octobre (jeudi) j'ai vu pour la première fois l'herbe gelée en arriavnt au bureau le matin. Entre les deux la température a baissé doucement mais surement : ça chute de 3 degrés (3 degrés ça se remarque !) et puis ça reste stable pendant trois ou quatres jours.et puis ça rechute de trois degrés. Après fin octobre on m'a raconté que la température contine de chuter comme dans un puits sans fond et tu ne sais pas quand ça va s'arrêter... En fait ça se stabilise vers -25 ou -30. Et puis ça reste longtemps... et puis vers la mi-mai les lacs ne sont plus gelés...

Face à ça, il y a deux réactions... Les locaux enfilent deux caleçons longs en dessous de leur pantalon et un marcel avec deux sous-pull sous leur chemise et se promènent dansles rues comme si de rien n'était. Par contre au bureau ou dans les lieu de civilisation, ils suent comme des chameaux (mais j'ai l'impression qu'ils ont une admirable resistance au chaud)... Les occidentaux expatriés, eux, s'habillent normalement, avec un gros manteau mais ne mettent pas les pieds dehors, sauf pour prendre un taxi. J'espère que j'aurais le courage d'adopter parfois la technique locale.

En ce moment il fait comme un petit hiver chez nous, mais le chauffage n'est pas encore mis... Là je suis chez moi avec deux T-shirts et un pull et j'ai un peu froid. Surtout, mes doigts sont un peu engourdis pour taper sur le clavier.

Le Froid, conjugué à la Solitude, c'est incroyablement efficace pour te mettre le moral à zero. Tu rentres chez toi, et il n'y a personne à qui parler (sauf sur msn, mais bon déjà que je suis devant mon PC toute la journée...). Et sutout, tu te rends compte que si tu avais mis 5 épaisseurs de vetements dehors, à l'intérieur, il t'en faut quand même trois (je suis venu avec des vêtements d'été...). Et puis non, il fait froid... mais tu vas quand meêm pas mettre ta veste à l'intérieur ? Là il y a deux solutions : soit tu fais du repassage en buvant du thé. Le thé c'est bon et le repassage c'est cool, ça vide l'esprit, c'est manuel, c'est calme... et surtout le fer est chaud. Mais bon une fois onze heure passé tu est fatigué, alors la deuxième solution c'est d'aller te coucher. Au debut le lit est froid mais heureusement j'avais anticipé l'achat d'une couette super efficace... C'est le seul endroit où il fait chaud...

Enfin bon, flippez pas trop, je m'en vais de ce pas acheter des vetements locaux et ça ira mieux. Mais entre le boulot, le chinois et le aperos entre potes, j'ai pas eu le temps de le faire depuis deux semaines te mainteannt c'est vital...

Bon voilà, c'était juste pour répondre au commentaire de Nazim "T'as l'air de bien te marrer finalement, c cool". Bah ouai, c'est cool d'être ici, tu peux vivre des trucs pas ordinaires. mais ça a quand même un prix, c'est à dire que il y a des trucs pas ordinaires qui sont pas forcément agréables... Pour trouver un petit coin de paradis autour du brasero d'une mamie chinoise qui vend du mais, il est nécessaire que le température aux alentours soit basse...

Bon allez, je sors m'acheter de l'équipement polaire. J'aurais froid, mais au moins il y aura des gens...

Sunday, October 15, 2006

Biere et foot

Hier c'était le deuxieme match de football au sommet entre l'équipe chinoise du projet et l'equipe francaise du projet. Le premier a eu lieu il y a quelques temps, je n'étais pas encore arrivé. Derrière cette idée pleine de bonnes intentions (bah ouai le sport, c'est cool, ça fait plaisir à tout le monde...). il y a quelques trucs qu'il faut savoir...

Pour le top management français, c'est l'occasion de montrer : "Ho ! regardez comment le projet va bien ! il y a une bonne ambiance de travail, la preuve c'est qu'on va faire la fête ensemble..." . Pour les chinois, il s'agit de montrer qu'on sait recevoir, et surtout il ne faut pas perdre la face. Bien recevoir, ça veux dire qu'on trouve un vrai terrain de foot, un arbitre de 1ere division pour arbitrer (les arbirtres de lignes étaient seulement de D2) et qu'on fait escorter le bus avec les joueurs de chez nous par des voitures de la police. Ah oui, il ne faut pas oublier la télé régionale... (enfin tout ça c'était pour le premier match, là c'était moins excessif...). Ne pas perdre la face, ça veux dire que, même si l'équipe europenne contient des francais et des italiens (vous vous souvenz qui il y avait en finale de la coupe du monde ?) et bien il faut gagner, parce que si les européens nous apprennent leurs technologies, ils vont pas en plus nous apprendre a jouer au foot. Bref, face à une équipe composée du management et des techniciens (francais et italiens), plus quelques chinois qui bossent pour nous, il y avait une équipe avec plein de gars qu'on avait jamais vu bosser sur le projet (et d'ailleurs ils sont montés dans le bus en dehors de l'usine, vraissemblablement parce qu'ils ne pouvaient pas rentrer...), mais qui jouaient vachement bien...

Bref, on a perdu 5 à 6. Enfin je dis on m'ai j'ai pas beaucoup joué. J'ai commencé aillier gauche et même si c'était du foot j'étais assez motivé, parce que je fais pas beaucoup de sport ici... J'ai joué pendant un quart d'heure où j'ai été transparent et je me disais que j'arrivais pas à courrir. Et puis tout à coup, ça allait plus du tout, alors j'ai demandé à sortir et je suis allé vomir mon déjeuner un peu à l'écart et là ça allait beaucoup mieux... mais bon je suis pas re-rentré quand même.

Bon, la troisième mi-temps on l'a fait dans un restau pseudo allemand, qui brassait sa propre bière (tout à fait quelconque... je commence à en avoir marre de la bière chinoise...) et avec des serveurs qui avaient un Lederhose en jeans (le Lederhose, c'est le short/saloppette en cuir, traditionnel de la Bavière.) Bon , on a assez bien mangé, des grillades essentiellement, mais c'était pas teuton du tout...

C'était sensé être un repas de fraternisation entre collègues et d'ailleurs, tous les managers s'étaient bien repartis entre français et chinois, mais ils avaient des interprètes, virgule, eux. Tous les techniciens francais et chinois qui ont un peu du mal à communiquer sans interprète étaient restés entre compatriotes.

Moi je m'étais mis au milieu de plein de chinois, des jeunes qui parlent anglais pour la plupart. Moi mon titre c'est "assistant to the project manager", et en fait min vis-à-vis chez les chinois, le gars avec lequel je travaille le plus, chez les chinois c'est l''assistant de l'assistant de l'assistant du manager de projet... Pendant les réunions de management (auxquelles j'assiste et pendant lesquelles j'intervient (généralement je dis des trucs comme "bon maintenant, passons au point numero 254, qui concerne les problemes de SQA du fournisseur chinois des embouts en plastique pour les tubes carrés de la dalle de cablage du M2S. Lorenzo, je crois que tu as des précisions à nous apporter...")) il y a plein de jeunes chinois(es) qui sont là et qui prennent des notes ou je sais pas trop ce qu'ils font et en fait je ne leur avais jamais parlé...

Bon voilà c'est chose faite... en plus maintenant ils me kiffent (mais bon je m'y attendais un peu) parce que je suis gentil et poli et "handsome", parce que je m'appelle Li Bai, parce que je sais le dire et /surtout/ l'écrire en chinois. Ils veulent tous que je leurs apprenne le français (en partant de rien... hum...). Il veulent qu'on se fassent des bouffes où ils m'apprendront le chinois. (ça va être cool de plus aller au restau tout seul...). Mon vis-à-vis veux que je goute la cuisine de sa maman et tout ça... Il est marrant mon vis-à-vis... Il a pas de copine et ca m'a tout l'air d'être un vieux gars (un vieux gars, c'est un gars qui a pas de copine et qui en plus a plein de choses qui font que c'est un vieux gars), alors on a bu à la santé des vieux gars. En plus il a étudié l'informatique alors on a bu à la santé des vieux gars qui font de l'info (comme quoi, il y a des choses qui sont universelles). Je leurs ai appris qu'en France on fait "tchin-tchin" (en se regardant dans les yeux, bien sûr) avant de boire et en fait "tchin-tchin" (qin-qin comme ils l'écrivent) c'est un truc qui se rapproche de "embrasser", et il y a des petites chinoises qui deviennent toutes rouges pour moins que ça...

Enfin voilà c'était cool, mais à 8h15 c'était fini... Bah ouai, c'est comme ça en Chine. Comme la soirée ne faisait que commencer (dans une vision occidentale des choses) et bah on est allé dans un bar avec toute la joyeuse troupe des français-qui-sont-plus-des-managers et des italiens-qui-sont-plus-des-techniciens et des chinoises-qui-sont-plus-des-interprètes (pour chaque groupe, prenez ceux qui sont en age d'aller dans les bars, quand-même...)

Les bars ce Changchun c'est pas top quand-même... La musique est trop forte, tu peux pas parler et en plus la musique est... chinoise ( c'est à dire que c'est des chansons chinoises ou de la mauvaise musique électonique ou des méga-hits de la pop internationale des années 80 massacrés par le groupe de musicien fillipins, ou thailandais qui jouent live...). Il fait trop chaud (m'enfin bon, il fait tellement froid à l'extérieur qu'il faut mieux être dedans). La bière pression est juste passable (c'est la meilleure que j'ai bu ici... je crois que c'est une bière blanche pseudo anglaise) mais heureusement ils offrent le pop corn pour faire passer la bière (c'est vous dire à quel point on en est rendu...).

Au bout d'un moment j'en ai eu marre alors je suis sorti dans le froid pour me changer les idées. Et là c'était trop bien... Il y avait une grand mère qui faisait griller du mais sur un barsero. Alors j'ai squatté près du feu et j'ai disuté avec elle (maintenant j'arrive à dire des trucs et à comprendre un peu les questions (mais bon les questions qu'on me posent sont pas très variées...)). Elle m'a offert un peu de tofu dans un bol de soupe... il faisait chaud près du feu, dans la nuit froide... c'était trop bien... Y'a des gens qui sont resté un moment pour acheter à du mais et alors on a discuté un moment en mi-anglais / mi-chinois. Et je leur ai dit que, non, les français ne sont pas romantiques, enfin en tout cas il ne sont pas plus romantiques que les italiens ou les espagnols ou les autres peuples de la Terre. Tu dis que Paris est la ville la plus romantique du monde, mais qu'estce que tu connais de Paris ? Tu crois pas que ça serait bien de prendre un petit peu de recul par rapport au discour marketing dont on t'abbreuve à la télé ? (ha j'vous jure y'a des chinois...) Et toi ma cocotte, tu cois pas que tu serais beaucoup plus mignonne sans tes cheveux rouges bizarres avec leurs frisettes moutonnantes ? (bon... il ya plein de vocabulaire que je ne maitrise pas encore mais il va falloir que je m'y mette si je veux leur dire toutes les choses qui m'énervent dans ce pays.)

Sunday, October 08, 2006

Qu'est ce que je regarde ce soir ?

Bah ouai ? quand je ne rentre pas du chinois plus restau à 22h chez moi, comment est-ce que j'occupe mes soirées en solitaire ? Regarder la télé c'est pas top, parceque la seule chaîne en anglais que j'ai, c'est CCTV9, la télé officielle pour les occidentaux. Il y a des reportages un peu cul-cul sur la culture chinoise et l'Asie ou des émissions de cuisine thai...

Heureusement, sur ce très pratique blog http://changchunguide.livejournal.com/751.html j'ai appris l'existence du "plus ultime magasin de DVD" (traduction un peu osée de "ultimate DVD store"). On y trouve bien sûr tous les films hollywoodiens récents, mais aussi plein de classiques chinois (dont beaucoup ont dû être tournés à Changchun, capitale du cinéma chinois avant la guerre, puis capitale du film de propagande japonais...) et des films japonais et coréens à la pelle et aussi des films francais américains et russes. Et puis bon c'est pas n'importe quels films.... Si cet hiver je m'ennuie et je veux me faire une rétrospective Tarkovsky ou Ozu ou voir enfin tous les westerns de John Ford avec John Wayne, je pense que c'est possible. Ah oui... précisons que le DVD vaut 60 centimes d'euros dans ce pays (parfois 1 euro quand ce n'est pas une édition coréenne d'une film japonais ou américain).

Pour info, voilà ce que j'ai acheté (en tout pour 6 euros) ces deux dernière semaine :

- Deux Hommes dans Manhattan (Jean-Pierre Melville)
- Lost in Translation
- Warum läuft Herr R. Amok (R. W. Fassbinder)
- La première saison de Chobitts (un anime japonais, mais c'était au debut et je maitrisais pas ma télécommande (bah oui c'est en chinois) et j'ai pas trouvé les sous-titres anglais alors j'ai abandonné... il faudrait qe j'y retourne)
-Beijing Bycicle
-Takeshis' (de Takeshi Kitano)
-Bakushu (de Ozu)
-Pride and prejudice (avec Keira Knightley, sans trop de conviction, mais au pire elle est plus crédible en Elizabeth Bennet que TD08 et ça m'aura coûté 6 kuai...)
- Octobre (de Serguei Eisenstein)
-Le tombeau des luciolles (encore un anime)

Bon voilà... et à la semaine prochaine...

Saturday, October 07, 2006

Mon vélo, du maïs et Steven

Cet après-midi j'ai fait une grande virée à vélo. Il y a un lac sur mon plan de Chanchung au nord-est de la ville. Alors je me suis dit que en allant un peu au nord et un peu à l'est en partant de chez moi (au centre) je tomberai sûrement dessus. Mais comme à chaque fois que je veux aller à un endroit que j'ai repéré sur un plan, je n'y arrive pas, ou alors la deuxième ou troisième fois.

J'ai dû aller trop au nord en suivant cette route au millieu de usines, avec plein de garages et de restaus pour routiers (enfin j'ai pris ça comme ça...) et des batiments officiels et des casernes et des silos et des magasisn qui vendent des vieux pneus et ce crieur de rues qui vendait du PQ avec son triporteur et plein de trucs exotique qui font que tu regrettes pas le voyage.

A un moment, j'en ai eu marre alors j'ai tourné vers l'est à travers les champs de maïs. Ouai, presque toute la surface cultivable autour de Changchun est utilisée pour du maïs et un peu pour des légumes. Dans les rues, il y a plein de gens qui vendent du mais cuit à l'eau ou du pop corn. Là c'était vraiment la cambrousse... j'ai vu des limousines comme chez nous (des vaches... pas des bagnoles) et aussi des moutons et des poules.

Ce qu'il y a des bien c'est qu'à vélo, c'est super discret comme tourisme... c'est presque pas du voyeurisme parce que des fois, les gens remarquene même pas que tu es un laowai (un barbare, enfin un non-chinois...). Ceux qui le remarquent te font un énorme sourire et ça fait plaisir... Surtout quand c'est un tout petit bonhomme qui te regarde comme si tu était un martien... J'ai même eu un vieux papy qui a levé le pouce, l'air de dire "toi t'es super, je te kiffe..."

Bon, au final, je suis rentré en ville et je voulais souffler un peu dans un parc. Alors j'ai pris le petit chemin qui montait. Et comme il y avait des gens qui chantaient et faisaient de la musique j'ai suivi le son. Je me suis mis à distance respectable pour rester discret mais bientôt tous les papys du parc étaient plus intéressés par moi, le laowai qui buvait du thé et mangeait une pomme à coté de son vélo, que par la musique. Heureusement Steven passait par là, alors on a discuté un peu en anglais, ce qui a fourni un échappatoire à l'observation réciproque des papys chinois et de moi, ponctuée par des questions et tentatives de réponses en chinois. Donc Steven et moi on était une attarction pour tous ces papy, alors au bout d'un moment on s'est barré un peu à l'écart.

Steven il parle anglais pas mal du tout. Il a le meilleur accent que j'ai vu chez un chinois de la rue à Changchun. Bon... dit comme ça ça serait pas spectaculaire si Steven n'avait pas 10 ans... Steven c'est son nom anglais. Son nom chinois commence par Li (comme li bai) mais j'ai oublié après et je sais pas le lire... Sa maman parle anglais e tlui a appris (si j'a bien compris). Il m'a vraiment impressioné sur le coup, même si, à la relfexion, il a pas dû comprendre tout ce que je lui ai dit. En tout cas il m'a laissé son numero de telephone (je connais pas le mien, et bien sûr j'avais pas mon portable.) et je lui ai dis que je l'inviterais au restau un de ces jours. C'est marrant parceque j'avais déjà rencontré ce genre de personnage, mais seulement avec 10 ans de plus, quand ils font leurs études en Europe (des gens comme RL07 (si on te le dis pas, tu remarques pas que c'est un chinois de Chine...), ou même YZ07+1, ou MJ le traducteur qui bosse dans la logistique maintenant)

Ding Laoshi 2 : inhaler des truc bizarres...

J'aime bien aller manger chez ma prof de chinois, mais en fait il ne faudrait pas que cela se produise trop souvent parceque c'est pas très bon pour mon état physique général. Je n'ai pas l'habitude de renter chez moi tout bourré à neuf heure et demi (du soir... même pas du matin...), mais il faut dire que la soirée commence à 6 heures et qu'ils sont assez violent. Cette foix j'ai goûté l'alcool à 52° du mari de ma prof. C'est du "jiu bai" de l'alcool blanc, avec un qualificatif que j'ai oublié. En fait ca doit pas être du officiel... Il achète ça par jerican de 3 litres sur un marché dans la cambrousse près de chez lui. Des francais m'avaient prévenu contre les effets du "mou tai" (je crois que c'est le nom officiel de cet alcool) mais je n'ai reussi à me sortir de chez moi que le lendemain dans l'après midi et à avoir une activité intellectuelle constructive qu'après deux nuits de sommeil.

Mais sinon c'était plutôt cool comme soirée. Ils avaient ramené la soeur du mari, sa nièce et le fils de la nièce. Enfin c'est ce que j'ai compris, parvce que l'anglais de ma prof et de son mari est quand même asez approximatif et selon les fois, la même personnes pouvait être la nièce, ou la fille de la soeur, ou le neveu, ou la fille... Chacun avait fait un peu à bouffer (moi j'avais ramené des fruits, parceque quand tu es invité chez quelqu'un tu ramènes pas des fleurs, tu ramènes des fruits) et c'était carrément le banquet.

Il y avait un poisson super bon, et surtout plein de... plein de... mince comment on dit en français ? Des jiaozi... des dumplings... une toute petite galette de pate, fourée avec un hachis de viande et de légume et cuit à la vapeur, à l'huile ou comme ici, bouillie. En fait on te vendrait ça comme des raviolis en France, mais c'est pas trop ça... On mange ca avec une sauce de soja et de l'ail, et pour relevé le tout (bah oui, une sauce de soja avec de l'ail, c'est pas assez relevé...) on met du wasabi (du raifort, mais bon le wasabi je connais) ou de l'huile de moutarde. Oui, de l'huile de moutarde, c'était marqué sur la petite bouteille. J'ai vu à leur tête que j'en avais mis trop. la bouteille était toute petite, j'aurais dû m'en douter... La première fois j'ai amené ma tête tout près du bol, pour avaler un jiaozi récalcitrant (c'est dur à avoir avec des baguettes ces trucs là...) et j'ai inspiré une grande bouffée d'émanation d'huile de moutarde. J'ai suffoqué pendant dix seconde et j'ai toussé pendant 5 minutes (alors que les autres étaient mort de rire). Ce truc là devrait être interdit... C'est encore plus fort que la fois où avec RV (un français avec qui j'ai passé quelques jours à Pékin) on s'est dit en voyant arrivé le plat commandé au hasard : "oh trop bien ! des haricots verts" et on a croqué dedans à pleine dents... En fait c'était du piment verts... mais vraiment la ressemblance était frappante... on a été deux à se faire avoir. Bref... on a pleuré pendant 5 minutes en buvant tout ce qui nous tombait sous la main... Mais vraiment, je crois que je n'ai pas autant pleuré depuis la mort de la maman de Bambi...

Au rayon inhalation, j'ai aussi essayé une cigarette. Parce que bon ça me fait vraiment mal au coeur parfois de refuser par reflexe la cigarette que les chauffeurs de taxi, ou n'importe quel gars qui veux engager la discussion, me propose. Je crois que c'est la première fois que je demandais un cigarette à quelqu'un et que je fumais une cigarette. C'est vraiement super mauvais... et j'ai encore toussé pendant 5 minutes alors que les autres rigolaient... Vraiment ce petit français, il tiens pas les clopes, il boit de l'alcool de gonzesse (i.e. pas celui à 52°)... Il faut que je me renseigne, mais je crois que tu peux te contenter d'accepter la cigarette en disant que tu la fumeras plus tard... Ou ce que je vais faire c'est plutot acheter des clopes et les offrir à ceux à qui je veux parler...

Au bout d'un moment, la soeur, la nièce et le bébé son partis et on s'est retrouvé à discuter avec ma prof et son mari. J'ai essayé de leur faire comprendre que même si on était amis, je voulais pas venir faire mes cours chez eux. Que même si j'aimais pas les coréens (ceux qui tiennent l'école où je vais. Ils sont commes ces chinois friqués (enfin... qui savent ce que c'est que de l'argent...) qui essayent tout le temps de gratter... ils te disent sans se démonter : "bon on s'était mis d'accord pour que tu payes 500 mais en fait il faut que tu payes 1000 parce que blablabla... " et il faut négocier pendant une demi-heure pour qu'ils s'acceptent de s'arrêter sur un "bon on en reparlera demain" (oui... un chinois ne perdra jamais la face...) et ils ne t'en reparlent jamais... enfin p'tet un jour. Eux ils s'en foutent, ils tentent leur chance... Si tu payes 1000, bah ils ont gagnés. Si tu payes 500 bah ils ont perdu, mais ils s'en foutent parceque tu payes 500...) Bon voilà... même si on est amis et mêmesi j'aime pas les coréens, il faut que je passe par l'école pendant quelques mois encore parce qu'il faut que sois sérieux et que si je vais chez eux, il ya aura toujours le bébé qui braille, ou la jolie nièce qui veux me faire boire pour voir si elle tiens mieux que moi (d'ailleurs sur ce point là, je n'ai pas perdu la face devant eux... ils ne m'ont pas vu le lendemain...)

Le Banquet

Non, je ne vais pas vous parler, de Platon, d'eros et d'agapè, mais de cette noble institution de la culture chinoise qu'est le banquet. Disons que, à chaque fois que des chinois vont au resto même à deux, dans un fast-food, c'est un peu ce paradigme qu'ils suivent. La preuve... même chez macdo, tu peux commander un espèce de menu pour deux avec plein de truc (hamburgers, frites, coca, poulet frit etc.) à picorer. (Remarquons que je ne parle pas d'aller au restaurant tout seul, parceque ça c'est vraiment la louse. Louse que je pratique environ tous les soirs... mais bon c'est moins déprimant d'aller dans des bouibouis ou des fast foods que dans des restaus côtés...)

Bref, quand tu commandes, tu prends un ou deux plats (ou plus) par personne. Pas d'entrée ou de plat principal, tout arrive en même temps, ou quand c'est prêt. Les plats sont dimensionnés pour un peu plus qu'une personne (enfin j'arrive à finir des portions quand je suis en forme, mais je crois que ça fait mauvais genre de tout bouffer jusqu'à la dernière miette, parce que, si tu as encore faim en sortant, c'est pas très cool pour le cuistot...) donc deux plats par personne, ça fait une quantité de victuaille assez impressionnante, donc tu en laisses plein en sortant.

Là où le banquet prends toute son ampleur, c'est quand tu es à cinq ou six, sur une table ronde. Tu installes toute la bouffe sur le plateau en verre qui tourne sur la table (mais si ! les plateaux qu'il y a dans tous les restaurants chinois, mais qui ne servent jamais). Ensuite, toute les deux minutes, tu tournes un peu le plateau qui tourne de façon à ce que chacun soit en face d'un plat différent (le plateau est rond, donc c'est cylcique). En donc chacun picore directement avec ses baguettes dans le plat. (je me suis laissé dire que pour cause de SRAS et tout ça, dans certains restau classes, tu te sers avec des baguettes de service et tu manges avec tes baguettes dans ton assiette, mais ça casse tellement le concept du banquet...)

Mais bon, on ne fait pas que manger... il faut boire aussi. Du thé et de la bière essentiellement. La Chine est un pays civilisé où on ne se sert pas à boire soi-même, mais on sers son voisin en attendant qu'il te serve toi. Attention, pour montrer ton respect à celui que tu sers il faut lui servir un verre plein (le plus plein possible...) si c'est de la bière et la motié d'un verre si c'est du thé. Compris ? La Chine est un pays civilisé où on ne boit pas tout seul, mais où on fait boire les autres. Tu portes un toast, avec tous les autres si tu es le patron de la soirée, ou en un-contre-un si ce n'est pas le cas. Un "gambei" signifie qu'il faut vider son verre (de bière, pas de thé...)

Bon voilà pour la théorie... maintenant pour la pratique, je me ferai un plasir d'inviter à festoyer tous les lecteur de ce blog dans un restau de Changchun quand ils veulent... je me répète, mais c'est quand même plus cool que d'aller au restau tout seul...

Thursday, October 05, 2006

On the Road (3/3) : Sur mon vélo, je suis le plus beau

Après bien des péripéties, je me suis enfin acheté un vélo. C'est un vélo tout ce qu"il a de plus chinois (sauf qu'il est neuf, mais bon j'espère que ça passera). C'est un vélo sans vitesse et donc il faut avoir des bonnes cuisses pour le démarrage, surtout quand tu transporte un pote (ou une petite chinoise) sur le porte bagage à l'arrière, ce qui ne m'est pas encore arrivé, mais j'aimerais bien faire l'expérience. (Par contre j'ai fait l'expérience du voyage sur le porte bagage l'autre weekend dans la circulation pékinoise, c'est intéressant...) Le frein avant est un frein comme chez nous, avec des patins qui viennent frotter sur la jante. Le frein arrière est plus exotique... c'est un truc qui vient frotter (ou serrer, je sais pas c'est caché) le moyeu et... entre nous c'est pas très efficace...

Bon bref... j'ai passé l'après midi hier à rouler dans Changchun et ça fait plaisir... Il faut faire attention parceque je ne suis pas encore habitué aux subtilités du code de la route chinois et je n'ai pas encore développé le feeling de ce que je peux faire et de ce que je ne peux pas faire... Ca viendra.

En tout cas, les gens doivent pas voir souvent des occidentaux à vélo, parceque tout le monde me regarde. Et puis les enfants me montrent à leur parents, et ça, dans tous les pays du monde, c'est le signe que tu as la classe...

On the Road (2/3) : Les Chauffeurs de taxi

Les chauffeurs de taxi, pour la plupart ils sont cool. Je pense que quand je saurais parler chinois, je vais pouvoir bien rigoler avec les chauffeurs de taxi. Pour info voici la transcription de la plus intense discussion que j'ai eue avec un chaffeur de taxi.

-Tu viens d'où ?
-De France
-De France ? Ah... ils sont "lamane" en France...
-Pardon ?
-Ils sont "lamane"
- Je comprends pas... Lamane c'est un français ?
-Non, il sont "lamane" en France ! Euh... Romeo et Juliette
- Ah ! OK, j'ai compris ! ("lamane" c'est "romantique"... on me l'avait déjà dis, mais j'avais oublié...)
-Tu es à Changchun depuis combien de temps ?
- Un mois et demi, je travaille à ke che chang...
- Ah ouai ? t'as quelle age ?
- 22 ans, mais en fait je suis étudiant
-ah ouai.... tu as une copine en France ?
-Euh, non
- Et en Chine
-Euh, non plus

Bon voilà... en gros c'était ça, en un peu plus laborieux quand même...

Mais bon, commencons par le commencement... Quand tu arrives dans le taxi, tu dis au gars (beaucoup plus rarement à la fille) là où tu veux aller. Généralement, au bout de trois fois, tu t'es fait comprendre... (sauf qu'il y a un endroit près de la gare qui a un nom qui ressemble phonétiquement à ke che chang etpar deux fois on m'a emmené là-bas et pas à l'usine... hum...)

Ensuite, au début par réflexe je mettais la ceinture (à l'avant, à l'arrière de toute facon il n'y a pas de ceinture...). Mais bon deux ou trois fois je susi tombé sur un gars qui m'a dit "Olà gamin ! qu'est ce que tu fais ? je veux pas de ça dans mon taxi !" Donc je mets plus trop la ceinture. de toute façon dans les taxis crasseux, la ceinture est tellement peu utilisée et sale qu'elle laisse une trace noire de poussière ou de suie sur ta chemise, alors bon...

Ensuite il y a différentes sortes de chauffeurs... il y a ceux qui s'en foutent de toi, il y a le chaffeur de taxi qui a 17 ans et qui conduit comme un gros ouf, il y a celui qui veux tout de suite te parler et te fais écouter sa chanson préférée (le titre parlais de petites fleurs, mais sinon j'ai pas compris...), il y a celui qui te propose une clope pour engager la conversation. Mais bon statistiquement j'arrive à échanger quelques mots avec la plupart des chauffeurs.

Et enfin, détail qui compte, la profession de chauffeur de taxi est d'une probité étonnante... Au début j'avais toujours l'impression qu'il voulaient m'entourlouper, mais en fait pas du tout... j'ai jamais vraiment eu de problème à ce niveau là...

On the Road (1/3) : Les Rues de Changchun

Quand j'en ai marre de faire du chinois, je lis les aventures de Sal Paradise, qui traverse les Etats-Unis sur la route, dans le roman éponyme de Jack Kerouac. Mais c'est pas de ça dont je voulais vous parler... Dans un triptyque "on the road" je vais vous raconter mes aventures à moi sur les routes chinoises.


Déjà à Pékin, les gens conduisent comme des fous. Je ne sais pas comment on apprends à conduire dans ce pays, mais il y a plein de choses que les gens ont l'air d'ignorer : ne pas doubler par la droite, la priorité ne va pas à la plus grosse voiture ou au plus gros klaxon, la courtoisie aussi...

Un de mes collègues chinois m'a dit que les chauffeurs de Changchun sont les pire qu'il ait vu en Chine, et effectivement, il sont fous. Pris individuellement, d'accord, ils vont vite ; d'accord, ils pilent au dernier moment plutot que de freiner en douceur, d'accord ils forcent le passage à tout bout de champ, mais bon c'est des coutumes locales, ils maitrisent et je pense que c'est pas trop dangereux.

Ce qui est vraiment dangereux, c'est que tu te retrouves souvent dans des situtations /non standards/. Par exemple, une charette à bras ou à âne, une voiture qui empiète sur ta voie et roule à contre sens, une voiture qui roule en marche arrière sur une voie rapide, un chaffeur de bus qui change une roue à son véhicule sur une grande avenue à une heure de pointe, des pietons qui traversent n'importe comment, un velo qui fait n'importe quoi... Parfois il y a même des combinaison spéciales : une charette à bras qui arrive à contresens, un velo qui traverse la route n'importe comment...

Fac à une situtation non-standard, ton chauffeur va réagir par réflexe en créant lui-même une situation non standard (accélérer pour passer quand-même, empièter sur la voie du voisin, plus rarement, freinage d'urgence) et ce qui fait peur c'est que tu ne sais pas où l'escalade de la violence va s'arrêter... mais bon pour l'instant je n'ai eu qu'une seule vraie frayeur, le jour ou j'ai bien cru qu'on allait se payer un cycliste... et puis finalement non.